Trente ans après, le lycée-collège d’Hérouville reste pilote - Tendance Ouest - mai 2013

Publié le 14-05-2013 Tendance Ouest

Ce qui était innovant au Collège-lycée expérimental d’Hérouville à sa création l’est toujours autant, trente ans après.
Avril 1982 : quand le Collège-lycée expérimental d’Hérouville (CLE) voit le jour dans le quartier du Grand Parc, beaucoup regardent cette nouveauté d’un œil curieux, parfois moqueur. « Dès le début, on nous prenait pour une école d’élite ou, au contraire, pour une colonie de vacances », se souvient Micheline Leclerc. Cette retraitée faisait partie de l’équipe fondatrice de l’école, où elle est restée enseigner pendant 20 ans. Elle prenait part, lundi 6 et mardi 7 mai, aux rencontres organisées sur place pour célébrer les 30 ans du CLE, communément appelé « clé ». Une occasion d’apprécier ce qui y a changé, ou non.

« A l’origine, nous étions des militants. Nous voulions inventer une école totalement différente, où l’élève était considérée comme une personne à part entière, et devait choisir, puis trouver sa voie. Cette philosophie n’a pas changé : les professeurs se la sont appropriée. »

« Le CLE inspire d’autres initiatives »

Mais ce qui était innovant peut-il l’être encore, 30 ans après ? « Bien sûr ! » répond sans hésiter l’actuelle chargée de direction, Valérie Guindé : « Le ministre délégué à la réussite éducative, George Pau-Langevin, est venue cette semaine saluer l’innovation du CLE, qui inspire aussi d’autres initiatives dans d’autres régions. Mais de notre fonctionnement initial, aucun principe n’a été développé à plus grande échelle. » Souvent reprise comme une disposition emblématique du collège-lycée, le tutoiement entre profs et élèves est la partie la plus visible d’un ensemble de pratiques qui visent à responsabiliser les élèves et à les impliquer.

Chacun dispose d’un tuteur attitré dès la sixième, un professeur qui le guide petit à petit vers l’autonomie. Le rythme scolaire diffère largement d’une structure « classique » : cours le matin et activités sous forme d’"ateliers" divers l’après-midi. Patrimoine normand, théâtre, rédaction d’un journal espagnol... Les élèves ont le choix et créent à chaque fois leur production. C’est la « pédagogie de projet ». Ils sont aussi sollicités pour participer à la vie de l’établissement. Par groupes, ils servent à la cantine ou font un peu de ménage. « Attention ! Nous ne sommes pas une maison des jeunes, prévient Valérie Guindé. Comme dans tout collège-lycée, nous préparons au brevet des collèges et au baccalauréat. Mais nous sommes aussi un vrai lieu de vie, où l’élève apprend à devenir citoyen. »

L’importance de l’humain

« Tout n’a pas pour autant fonctionné, rappelle Micheline Leclerc. Au début du CLE, l’équipe de direction changeait tous les trois mois... C’était ingérable ! » Aujourd’hui, la personne en charge de la direction, également professeur, est élue par ses pairs pour une durée de trois ans. Et participe, comme les autres tuteurs, aux activités. « Ce qui différencie le plus notre école, c’est la part laissée à l’humain », s’accordent à dire Camille Lahon, 15 ans et Antonin Agostini, 18 ans. « On nous voit comme des acteurs de la vie de l’école, et nos professeurs mettent en valeur les talents de chacun. » Leur épanouissement est palpable : ici, les élèves chantent dans les couloirs...

Tags